French poems by Eugene Guillevic:
English translations by Denise Levertov.
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1) la fleur sans nom
Aussi la fleur sans nom
Egarée dans la terre
Qu’on n’a pas labourée
Dit que parler c’est pour donner
ce que l’on croit ne pas avoir.
2) dans la clarté du jour
Ne dis pas que le jour est pareil à la nuit
Ne dis pas que la nuit est étrangère au jour.
Un voile tout pareil est tissé sur les choses
Et parfois se déchire
Dans la clarté du jour
Et le noir de la nuit.
3) un dieu qu’on oublie
Nous entrions parfois dans des cafés secrets
Sur le bord de la route.
Il pouvait y avoir une marche à descendre,
Il y avait toujours une table à choisir
Dans le silence ou le murmure des paroles.
L’ombre y était la plus ancienne des habitués,
Elle avait occupé toutes les places longuement.
Le soleil était là en accord avec elle,
Se posait sur un front, sur ta main, sur un verre
Et s’en allait bientôt comme un dieu qu’on oublie.
Pendant la halte qui semblait s’éterniser,
De l’expérience nous venait
Et nous sortions toujours de ces cafés secrets
Pas tout à fait les mêmes qu’en entrant.
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1) the nameless flower
The nameless flower
astray in the patch of
waste ground
says that speech is for giving what one
doesn’t believe one has.
2) in day’s brightness
Don’t say that day is the same as night.
Don’t say that night is alien to day.
A single veil is woven across all things
and tears sometimes
in day’s brightness
or night’s black.
3) a god one forgets
Sometimes we used to enter
secret wayside cafés,
There might be a step down,
and always there was a table to choose
in the silence or the murmur of speech.
A shadow was the most ancient of the regulars;
a long, long time she had sat at every place.
The sun would be there, on good terms with her,
lying upon a forehead, on your hand, on a glass–
and soon he left, like a god one forgets.
During these halts that seemed to become eternal
experience came to us,
and we always left these secret cafés
subtly changed from what we had been before.